Bardes et druides

Le druidisme était, semble-t-il, la religion de l’ensemble des Celtes. On en connaît peu de choses, pour deux raisons. La première est que la civilisation celtique était une civilisation orale, excluant apparemment l’écriture pour des motifs religieux et sociologiques. La seconde est que les druides ont été pourchassés par les Romains avant de l’être par les Chrétiens et ont disparu très tôt, ne laissant ni postérité ni tradition vérifiable. On peut seulement avoir quelques lumières sur le druidisme grâce aux réflexions des auteurs grecs et latins, et par l’étude systématique des textes irlandais et gallois du Moyen-Age, textes écrits par des moines chrétiens, mais en langue celtique, qui rendent compte d’un certain nombre de croyances et de rituels.

Les druides constituent une classe sacerdotale très importante, selon une hiérarchie très stricte de modèle indo-européen. Le nom des « druides » (Dru-Ides) n’a aucun rapport avec le chêne, comme on l’a cru longtemps : il signifie au contraire les Très Voyants ou les Très Savants. Ce sont des prêtres, mais aussi des prophètes, des législateurs, des juges, des professeurs chargés de l’éducation de la jeunesse, des poètes et aussi des chefs guerriers, bien qu’en principe ils soient dispensés de service militaire. De toute façon, ils ont un rôle politique considérable, On sait qu’en Irlande, le Roi ne pouvait parler qu’après son druide.

La classe druidique comporte un certain nombre de personnages d’un rang inférieur spécialisés dans la poésie et la musique (les Bardes), ou dans la divination (les Vates). En Irlande, après la disparition des Druides, l’héritage des trois catégories fut plus ou moins recueilli par les Fili. Il y a eu des femmes rattachées à la classe druidique, poétesses, devineresses, sacrificatrices, magiciennes, mais non à proprement parler de « druidesses ». Après la christianisation, de nombreux sorciers et sorcières ont été confondus avec d’anciens druides, ce qui laisse supposer que les druides pratiquaient une certaine forme de magie. De fait, l’étude des textes irlandais et gallois laissent à penser que le druidisme présente des, analogies avec les pratiques du chamanisme tel que nous le connaissons aujourd’hui. Le culte druidique ne se déroule pas dans des temples bâtis, mais en pleine nature, dans des clairières sacrées, des nemeton, qui sont des projections symboliques du ciel sur la terre. Tout le monde a entendu parler de la cueillette du gui par les druides. Il faut préciser que le gui de chêne est extrêmement rare, et ce devait être une cérémonie exceptionnelle. Les druides président aux sacrifices, et il est certain qu’il y eut des victimes humaines. Il y a aussi de grandes fêtes, notamment le 1er novembre, fête de Samain, le 1er février, fête d’Imbolc, le 1er mai, fête de Beltaine, le 1er août, fête de Lugnasad. On sait que les druides honoraient les dieux, mais ceux-ci sont très vagues et mal connus : on peut citer Lug, Belenos, Teutatès (Toutatis), Hesus, Taranis, Ogmios, mais il est difficile de les caractériser vraiment.

Quant aux croyances, ce que nous en savons se résume au dogme de l’Immortalité de l’âme. On a dit que les Celtes croyaient à la réincarnation, ce qui n’est pas prouvé. La vie devait se poursuivre de la même façon dans un autre monde, peu éloigné de celui-ci. D’après le témoignage des auteurs de l’Antiquité, les druides avaient atteint un très haut degré de sagesse, et leur philosophie était considérée à l’égal des plus grandes doctrines méditerranéennes.


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